mercredi 24 février 2016

Les vagues de Kuznets… ou comment les inégalités de revenu croissent et décroissent à très long terme

« En 1955, lorsque Simon Kuznets écrivait à propos de l’évolution des inégalités dans les pays riches (et un couple de pays pauvres), les Etats-Unis et le Royaume-Uni connaissaient alors l’une des plus fortes baisses des inégalités de revenu que l’on ait pu enregistrer au cours de l’histoire, couplée à une croissance rapide. Il semblait alors évident qu'il fallait parvenir à identifier les facteurs derrière la baisse des inégalités et Kuznets a pour sa part mis en avant le rôle joué par le développement de l’éducation, par la baisse des écarts de productivité entre les secteurs (donc par l’égalisation des composantes des salaires correspondant à des rentes), par la baisse du rendement du capital et par les pressions politiques en faveur d’une plus grande redistribution des revenus. Il se pencha alors sur l’évolution des inégalités au cours du siècle passé et estima que les inégalités avaient augmenté, et ce en raison de la réallocation de la main-d’œuvre du secteur agricole vers l’industrie, puis qu’elles avaient atteint un pic dans le monde développé quelque part autour du début du vingtième siècle. Il conçut alors ce qu’on appela par la suite la "courbe de Kuznets" (Kuznets curve).

mardi 16 février 2016

Y a-t-il des arguments justifiant une inflation supérieure à sa cible ?

« La théorie monétaire standard suggère que le taux d’intérêt nominal de court terme doit être réduit pour stimuler l’économie lorsque la demande globale est insuffisante, que la production est inférieure à son potentiel et que l’inflation est faible, c’est-à-dire lorsque les ressources économiques (notamment la main-d’œuvre) ne sont pas pleinement utilisées. Cependant le taux d’intérêt nominal est borné ; il peut difficilement aller en-deçà de zéro. En théorie, Eggertsson et Woodford (2003) ont montré que lorsque les taux d’intérêt nominaux sont contraints par leur borne zéro (zero lower bound), il est opportun pour la banque centrale de laisser l’inflation aller au-delà de sa cible pour accélérer la reprise de l’activité économique réelle. 

vendredi 12 février 2016

Les aspects structurels des inégalités

« Malgré l’attention sans précédents que les inégalités de richesse et de revenu ont reçue lors de la campagne présidentielle qui se tient cette année aux Etats-Unis et lors de diverses autres élections qui ont récemment eu lieu en Europe, on ne peut qu’avoir l’impression que, pour plusieurs politiciens centristes, les inégalités sont juste un problème passager. Ils croient que lorsque la croissance retrouvera son rythme de 2 ou 3 % par an et que le chômage retournera à 5 % (ou tout du moins à un seul chiffre dans le cas de l’Europe) les gens vont juste oublier les inégalités et que la situation reviendra à ce qu’elle était il y a deux décennies. Personne ne s’inquiéterait de nouveau des inégalités. 

lundi 8 février 2016

L'expansion américaine va-t-elle mourir de vieillesse ?

« Les récents indicateurs économiques montrent que la croissance économique des Etats-Unis a considérablement ralenti. Après correction des chiffres par rapport à l’inflation, il apparaît que la production agrégée s’est peu accrue durant les trois derniers mois de l’année 2015. […] Les récessions sont notoirement difficiles à prévoir. Cependant, beaucoup estiment qu’une expansion vieillissante est forcément de plus en plus fragile et de plus en plus susceptible de s’achever en récession. Les prédictions de l’occurrence prochaine d’une récession (suggérant qu’il est "grand temps" que l’activité se retourne) se sont récemment multipliées, parce que la reprise actuelle, qui dure depuis six ans et demi, est déjà relativement longue. Par exemple, Rebecca Jarvis, de la chaîne ABC News, a demandé à Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale, son avis sur la question […]: "Je pense que l’idée selon laquelle les expansions meurent de vieillesse est un mythe. Je ne pense pas qu’elles meurent de vieillesse. Donc le fait que cette expansion dure depuis longtemps ne m’amène pas à penser que ses jours soient comptés".