mercredi 19 décembre 2012

Les pays nordiques sont-ils vraiment moins innovants que les Etats-Unis ?

« La distinction qu’opèrent Acemoglu, Robinson et Verdier (2012) entre un capitalisme acharné (cut-throat capitalism) et un capitalisme généreux (cuddly capitalism) résonne avec les stéréotypes largement répandus. Les États-Unis seraient un endroit difficile à vivre, mais la loi de la jungle capitaliste permettrait l’émergence d’innovations radicales. Les nations européennes, en particulier les pays nordiques, seraient des sociétés justes, sociales-démocrates, mais le confort étoufferait l'invention. Acemoglu et ses coauteurs affirment que seul un capitalisme acharné de style américain est à même de repousser rapidement la frontière technologique et que les économies généreuses nordiques se comportent en passagers clandestins vis-à-vis de l’innovation américaine. 

mercredi 21 novembre 2012

Pouvez-vous choisir votre capitalisme dans un monde mondialisé ?

« […] Les Etats-Unis et les systèmes nordiques ont produit des pays prospères et des taux de croissance économique similaires au cours des soixante dernières années. Des différences significatives, cependant, existent entre ces sociétés : les Etats-Unis sont plus riches que le Danemark, la Finlande et la Suède ; ils sont aussi largement perçus comme une économie plus innovatrice ; ils ont joué un rôle de meneur dans de nombreuses technologies transformatives de ces dernières décennies, en partie parce qu’ils fournissent de plus hautes incitations à leurs entrepreneurs et travailleurs qui travaillent davantage d’heures, prennent moins de congés et prennent plus de risques ; les sociétés scandinaves ont des filets de sécurité plus larges, des Etats-providence plus élaborés et des répartitions de revenu plus égalitaires que les Etats-Unis.

vendredi 19 octobre 2012

L’égalité est essentielle pour le bonheur

« Le roi du Bhoutan veut que nous soyons tous plus heureux. Les gouvernements, dit-il, devraient chercher à maximiser le bonheur national brut de leur population plutôt que leur produit national brut. Cette nouvelle insistance sur le bonheur représente-t-elle un vrai changement ou juste une mode passagère ?

lundi 15 octobre 2012

A la recherche des allocations stables : zoom sur les travaux de Roth et Shapley


« Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel décerné cette année à Lloyd Shapley et Alvin Roth s'étend de la théorie abstraite développée dans les années 1960 aux travaux empiriques des années 1980, en passant par les efforts permanents visant à trouver des solutions pratiques aux problèmes du monde réel. Parmi les exemples, on peut citer l'affectation de nouveaux médecins aux hôpitaux, l'affectation d’élèves aux écoles et la transplantation d'organes humains aux receveurs. Lloyd Shapley a réalisé les premières contributions théoriques, qui ont été adoptées de manière inattendue deux décennies plus tard lorsqu'Alvin Roth a étudié le marché des médecins aux États-Unis. Ses conclusions ont suscité davantage de développements analytiques, aussi bien que la conception pratique d’institutions de marché.

lundi 4 juin 2012

Une union monétaire peut-elle fonctionner sans fédération budgétaire ?

« Une union monétaire peut-elle fonctionner sans être une fédération budgétaire ? C’est une question qui a été posée à maintes reprises depuis que le projet de l’union économique et monétaire (UEM) a été lancé. Les économistes considèrent une fédération budgétaire comme un moyen de partager les risques grâce à un (important) budget commun. Le partage du risque permet de lisser les cycles économiques au niveau régional ou national. En l’absence de politique monétaire (et de taux de change), la théorie dit que l’ajustement doit venir soit d’ajustements de prix (la dévaluation interne), de la mobilité de la main-d’œuvre (vers des régions ou pays qui se portent mieux) ou de transferts budgétaires via un budget commun.

dimanche 22 avril 2012

Microfondations et preuves empiriques : un biais idéologique ?

« La cohérence interne, plutôt qu'externe, est le critère d'admissibilité des modèles microfondés. En français, cela signifie que les articles universitaires présentant des modèles macroéconomiques seront rejetés si certaines parties sont théoriquement incompatibles avec d'autres, mais pas si une propriété du modèle est incompatible avec les données. Néanmoins, ce sera souvent une "énigme", c'est-à-dire un fait empirique qui ne peut pas être expliqué pour l’instant par un modèle, qui motive un article. Cependant, l'article n'est pas tenu d'être cohérent avec tous les autres faits pertinents ; la cohérence externe n'est donc pas aussi importante que la cohérence interne.

lundi 9 avril 2012

Microfondations et données empiriques : le problème du lampadaire

« Une façon de lire le débat sur les fondements microéconomiques est de le voir comme un affrontement entre "haute théorie" et "politique pratique". Greg Mankiw, dans un Célèbre article, parle des scientifiques et des ingénieurs. Thomas Mayer [1993], dans son ouvrage Truth versus Precision in Economics, distingue la "science formaliste" de la "science empirique". Des idées similaires sous-tendent peut-être ma discussion des microfondations et des modèles de banques centrales, ainsi que celle de Mark Thoma.

mercredi 7 mars 2012

Qu’ont jamais fait les microfondations pour nous ?

« Dans mon précédent billet sur les microfondations, j'ai exprimé mon désaccord avec Paul Krugman lorsqu'il a déclaré : "À mes yeux, toute la croisade des microfondements repose sur un succès prédictif d'il y a 35 ans ; il n'y a eu aucun résultat significatif depuis". Je dois expliquer pourquoi je ne suis pas d'accord avec lui. Robert Waldmann m'a également interpellé sur ce point.

dimanche 4 mars 2012

Les microfondations et la vitesse de développement des modèles

« Dans un récent billet, j'ai suggéré un raisonnement reposant sur les microfondements pour ce que Blanchard et Fischer appellent les modèles utiles (useful models) et que j'appelle les modèles agrégés. Mark Thoma et Paul Krugman en ont parlé et je souhaite leur répondre. Ce billet intéressera principalement les économistes, mais je n'ai pas précisé qu’il était "pour les économistes" car je sais, d'après les commentaires, que certains non-économistes qui réfléchissent à la philosophie des sciences (sociales) trouveront peut-être cela intéressant. Si vous n'appartenez à aucune de ces catégories, ce billet n’est probablement pas pour vous.

jeudi 1 mars 2012

Les modèles microfondés et les autres modèles utiles

« Ce titre renvoie à l'un des livres qui m'ont le plus influencé : les Lectures on Macroeconomics de Blanchard et Fischer. Ce manuel s'inscrivait largement dans le moule de la macroéconomie microfondée moderne, mais pas le chapitre 10, intitulé "Some useful models" ("Quelques modèles utiles"). L'un des modèles qu’il considère comme utile est IS-LM.

samedi 14 janvier 2012

L’épargne est-elle égale à l’investissement ?

« Q : Si les consommateurs dépensent moins et épargnent plus, cela signifie-t-il que l’investissement s’accroît ? 

R : Absolument pas. Que des personnes accroissent leur épargne n’implique pas automatiquement qu’une entreprise va décider d’acheter plus de capital fixe. 

Q : Pourtant, l’épargne égale tout de même l’investissement selon l’identité dans la comptabilité nationale, non ?