samedi 2 juillet 2016

Comment défendre l’égalité sans l’économie du bien-être ?

« Lorsque j’ai récemment parlé à la Summer School de la Groningen University, j’ai commencé par la question de la mesure des inégalités en distinguant entre l’école italienne et l’école anglaise, telles qu’elles étaient définies en 1921 par Corrado Gini : "Les méthodes des auteurs italiens ne sont pas comparables à celles de Dalton, dans la mesure où leur propos est d’estimer, non les inégalités de bien-être économique, mais les inégalités de revenu et de richesse, indépendamment de toutes les hypothèses relatives par exemple aux relations fonctionnelles entre ces quantités et le bien-être économique ou encore relatives au caractère additif du bien-être économique des individus". 

mercredi 22 juin 2016

Trois remarques sur la relation entre croissance de la productivité et taux d’intérêt

« L’opinion communément admise à propos de la courbe des taux du Trésor américain est en gros la suivante : la croissance de la productivité semble être faible, or la croissance de la productivité et les taux d’intérêt varient amplement dans le même sens, donc on pourrait s’attendre à ce que les taux d’intérêt à long terme restent également faibles. Et le fait que l’orientation actuelle de la politique monétaire de la Fed (un maintien des taux proches de zéro) ait généré une croissance de la demande légèrement en excès par rapport à la croissance potentielle suggère que les Etats-Unis ne sont pas loin de ces faibles taux neutres de long terme. 

Une telle idée peut être remise en question sur plusieurs fronts. 

jeudi 2 juin 2016

Comment devons-nous enseigner la macroéconomie aux étudiants après la crise ?

« Comme je viens de terminer un mandat de sept ans comme économiste en chef au FMI et que je dois faire la septième édition de mon manuel de macroéconomie destiné aux étudiants, je suis confronté à la question suivante : Comment devons-nous enseigner la macroéconomie aux étudiants après la crise ? Voici certaines de mes conclusions. (Je me concentre ici sur le court terme et le moyen terme ; j’écrirai un autre billet pour discuter de la manière par laquelle nous devons enseigner la théorie de la croissance.) 

jeudi 14 avril 2016

La faible croissance est une réalité dans le monde d’après-crise

« Une fois passées les phases aiguës de la crise financière et de la crise de l’euro, il est devenu manifeste que les économies avancées mettraient du temps à se rétablir. L’histoire des crises financières passées nous a clairement montré que la reprise est généralement longue et douloureuse suite à celles-ci.

samedi 2 avril 2016

L’hôtel de Schumpeter, les inégalités de revenu et la mobilité sociale

« Dans l’un des rares passages où il fait référence aux inégalités, Joseph Schumpeter a utilisé une métaphore pour illustrer la différence entre les inégalités que nous observons à un moment donné et la mobilité sociale (ou intergénérationnelle). Supposons, comme l’écrit Schumpeter, qu’il y ait un hôtel dont les étages supérieurs ne peuvent accueillir que peu de personnes et dont les chambres sont très agréables. A tout moment, il y a plein de gens dans les étages inférieurs, passant la nuit dans de petites chambres étroites, et juste quelques personnes dans les chambres agréables et confortables dans les étages supérieurs. Mais imaginons que les hôtes changent de chambre chaque nuit. C’est ce que fait la mobilité sociale selon Schumpeter : à chaque instant du temps, il y a des riches et des pauvres, mais à mesure que les nuits passent, les riches d’aujourd’hui peuvent être les pauvres d’hier et vice versa. Les hôtes dans les étages inférieurs (ou du moins leurs enfants) peuvent réussir à atteindre les étages supérieures, ceux au sommet peuvent se retrouver dans les étages inférieures. 

mercredi 24 février 2016

Les vagues de Kuznets… ou comment les inégalités de revenu croissent et décroissent à très long terme

« En 1955, lorsque Simon Kuznets écrivait à propos de l’évolution des inégalités dans les pays riches (et un couple de pays pauvres), les Etats-Unis et le Royaume-Uni connaissaient alors l’une des plus fortes baisses des inégalités de revenu que l’on ait pu enregistrer au cours de l’histoire, couplée à une croissance rapide. Il semblait alors évident qu'il fallait parvenir à identifier les facteurs derrière la baisse des inégalités et Kuznets a pour sa part mis en avant le rôle joué par le développement de l’éducation, par la baisse des écarts de productivité entre les secteurs (donc par l’égalisation des composantes des salaires correspondant à des rentes), par la baisse du rendement du capital et par les pressions politiques en faveur d’une plus grande redistribution des revenus. Il se pencha alors sur l’évolution des inégalités au cours du siècle passé et estima que les inégalités avaient augmenté, et ce en raison de la réallocation de la main-d’œuvre du secteur agricole vers l’industrie, puis qu’elles avaient atteint un pic dans le monde développé quelque part autour du début du vingtième siècle. Il conçut alors ce qu’on appela par la suite la "courbe de Kuznets" (Kuznets curve).

vendredi 12 février 2016

Les aspects structurels des inégalités

« Malgré l’attention sans précédents que les inégalités de richesse et de revenu ont reçue lors de la campagne présidentielle qui se tient cette année aux Etats-Unis et lors de diverses autres élections qui ont récemment eu lieu en Europe, on ne peut qu’avoir l’impression que, pour plusieurs politiciens centristes, les inégalités sont juste un problème passager. Ils croient que lorsque la croissance retrouvera son rythme de 2 ou 3 % par an et que le chômage retournera à 5 % (ou tout du moins à un seul chiffre dans le cas de l’Europe) les gens vont juste oublier les inégalités et que la situation reviendra à ce qu’elle était il y a deux décennies. Personne ne s’inquiéterait de nouveau des inégalités.