mardi 3 décembre 2013

Politique et technologie

« Dans notre dernier billet, nous avons discuté de la manière par laquelle la politique gouvernementale peut changer la direction du progrès technique et nous avons précisé certaines répercussions de la croissance économique sur l’environnement. Mais le fait que le gouvernement puisse le faire ne signifie pas qu'il le ferra nécessairement. Qu’il le fasse ou non, cela dépend de la politique (politics). C'est un cas particulier de l'interaction plus générale entre la politique et la technologie, un sujet qui est malheureusement assez ignoré. 

mardi 26 novembre 2013

Le progrès technique tend-il naturellement à préserver l'environnement ?

« Dans notre précédent billet, nous avons discuté de certains éléments empiriques suggérant que la technologie est endogène et qu’elle répond aux pénuries et aux prix. De nombreux économistes ont cherché à modéliser ce type d’endogénéité de la technologie et la façon par laquelle elle répond aux prix. Rappelez-vous ce qu’a dit le grand économiste John Hicks, que nous avons cité dans notre précédent billet, sur la façon par laquelle la hausse du prix d'un facteur aura tendance à entraîner des avancées technologiques permettant d’économiser ce facteur. 

mercredi 20 novembre 2013

La technologie endogène est-elle conservatrice ?

« Dans notre précédent billet, nous avons passé en revue les bases du débat entre Paul Ehrlich et Julian Simon quant à savoir si la croissance économique conduirait à l’épuisement des ressources naturelles à grande échelle et à des catastrophes démographiques. Dans son ouvrage The Bet: Paul Ehrlich, Julian Simon and Our Gamble over Earth’s Future, Paul Sabin remet ce débat et ce fameux pari dans leur contexte et fournit des détails historiques intéressants et utiles. Sabin privilégie également l’interprétation de ce débat selon laquelle Paul Ehrlich serait le progressiste, exprimant des inquiétudes de gauche quant à la croissance économique, et Julian Simon le conservateur souscrivant à une vision techno-optimiste. 

mardi 19 novembre 2013

Ehrlich, Simon et la technologie

« Le nouveau livre de Paul Sabin, The Bet: Paul Ehrlich, Julian Simon and Our Gamble over Earth’s Future, revient sur le célèbre pari entre Ehrlich et Simon. Au fil des ans, de nombreux chercheurs et commentateurs ont fait état publiquement, et parfois très bruyamment, de leurs craintes quant à la capacité de notre planète à soutenir notre mode de vie. L'un des plus originaux était l’écologiste Paul Ehrlich, qui avait prédit à plusieurs reprises au cours des années 1960 et 1970 des pénuries généralisées de ressources et en conséquence une multiplication des catastrophes démographiques. Il est devenu plus qu’un intellectuel public, presque une marque connue de tous.

lundi 2 septembre 2013

La Grande Divergence

« Il y a quelques siècles, il aurait été difficile de distinguer l'Europe du reste du monde, du moins sur le plan économique. En effet, l’Europe pouvait même être considérée il y a un demi-millénaire comme en retard. Les trois inventions qui, pour reprendre les mots de Karl Marx, "ont ouvert la voie à la société bourgeoise " n'ont pas été inventées en Europe. La poudre à canon, la boussole et l'imprimerie ont probablement toutes été inventées en Chine. 

Mais au dix-neuvième siècle, les choses ont assez différentes. L’Europe de l'Ouest et certaines régions de l'Amérique du Nord étaient alors devenues fabuleusement riches, tandis que pratiquement tout le reste du monde était resté horriblement pauvre. Les historiens économiques ont qualifié cela de "Grande Divergence" (Great Divergence). 

jeudi 18 juillet 2013

L’erreur fondamentale de la zone euro

« C'était vraiment prévisible. Enlevez la capacité de contrôler les taux d'intérêt nationaux et vous rendez possible une divergence des dynamiques de demande, une divergence qui entraîne des déséquilibres en termes compétitivité qui vous devrez douloureusement corriger par la suite. La bonne nouvelle était que vous pouviez utiliser la politique budgétaire contra-cyclique pour modérer ces déséquilibres - une idée largement acceptée en macroéconomie. Mais ce n'était pas ce que les architectes de l'euro voulaient entendre. 

vendredi 5 juillet 2013

Pourquoi l’histoire économique est essentielle à la science économique

« La beauté d'Internet est que parfois vous tomber sur des papiers comme celui-ci que vous auriez sinon manqué (merci Greg Mankiw !). Comme vous devez vous y attendre, je suis d'accord avec l’idée de Peter Temin selon laquelle l'histoire économique a un rôle fondamental à jouer dans l’enseignement de l’économie et le MIT en est un excellent exemple. (….) Plusieurs superstars qui ont émergé de ce département ont une sensibilité historique qui a fait d’eux de meilleurs économistes. Obstfeld et Rogoff sont surtout connus pour leurs travaux pionniers en macroéconomie économie ouverte, mais tous deux ont écrit des livres importants en histoire économique (Obstfeld avec Taylor et Rogoff avec Reinhart) et je ne pense pas que ce soit une coïncidence que la macroéconomie ouverte à la Obstfeld-Rogoff soit beaucoup plus ancrée dans le monde réel que certains équivalents en économie fermée. Paul Krugman affiche régulièrement son intérêt pour l'histoire et utilise ses connaissances historiques à bon escient […].

jeudi 16 mai 2013

Y a-t-il une malédiction des ressources naturelles ? Le cas du Cameroun

« Les ressources naturelles sont-elles vraiment une malédiction ? Avant de parler des régressions transnationales, commençons par une étude de cas qui semble illustrer exactement ce que les gens ont à l'esprit lorsqu’ils parlent de la malédiction des ressources (resource curse). Dans le récent ouvrage collectif Plundered Nations? Successes and Failures in Natural Resource Extraction dirigé par Paul Collier et Anthony Venables, se trouve un chapitre très intéressant, rédigé par Bernard Gauthier et Albert Zeufack appelé “Governance and Oil Revenues in Cameroon”. Il n'y a pas de meilleur endroit pour commencer à étudier la malédiction des ressources. 

lundi 13 mai 2013

Voyage temporel en zone euro

« […] Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, au cours d’une interview donnée à CNBC, a dénié que la politique budgétaire et la politique monétaire puissent jouer un rôle pour résoudre la crise économique : "La politique monétaire ne peut vraiment pas nous aider à sortir de la crise. Elle peut relâcher la pression, assouplir une nouvelle croissance, mais ce dont nous avons vraiment besoin dans tous les pays, ce sont avant tout des réformes structurelles. (…) Dans le policy mix formé par la politique budgétaire, la politique monétaire et les réformes structurelles, je voudrais que l’ordre des priorités soit exactement l'inverse : les réformes structurelles en premier lieu, la politique budgétaire et des cibles viables à moyen terme pour toutes les régions en deuxième lieu. La politique monétaire ne peut quant à elle que seulement assouplir les problèmes économiques nationaux à court terme." 

mardi 9 avril 2013

Quand l’excès d’épargne mondial rencontre la Grande Récession

« Kenneth Rogoff a écrit un article très intéressant sur le mystère entourant la faiblesse des taux d'intérêt. Il commence par remonter à 2005, lorsque Ben Bernanke rendait l’"excès d'épargne mondial" (global saving glut) responsable des taux d'intérêt réels exceptionnellement bas (par rapport aux normes historiques) dans l'économie mondiale. Son commentaire était une réaction à l'hypothèse classique selon laquelle les taux d'intérêt sont déterminés par les banques centrales. Ken Rogoff […] "partage l'instinct de Bernanke selon lequel les banques centrales décident des taux d'intérêt de très court terme, mais n'ont pratiquement aucune influence sur les taux réels (corrigés de l'inflation) de long terme, outre un modeste effet via les politiques de gestion de portefeuille (par exemple, l’assouplissement quantitatif)." 

lundi 4 mars 2013

Pourquoi les politiciens ignorent-ils les économistes à propos de l'austérité ?

« J'ai déjà écrit à propos de la politique budgétaire aux Pays-Bas. Je l'ai fait en partie parce que ce pays a une forte tradition macroéconomique et que je considère depuis longtemps son conseil budgétaire (le Bureau Central du Plan) comme un véritable modèle pour l’introduction de bonnes analyses et données économiques dans le débat politique. C'est donc le signe que quelque chose ne tourne pas vraiment pas rond lorsque le consensus politique suit la ligne de l'austérité. 

dimanche 24 février 2013

La dépression de l'euro

« Alors que nous attendons les résultats des élections italiennes, l'Europe se dirige vers une nouvelle période d'incertitude. Les gouvernements des pays clés (Italie, Espagne, Grèce, France, etc.) n'ont aucun soutien pour poursuivre sur la voie qu’ils ont suivie jusqu'à présent, mais il n'existe toujours pas de véritable alternative et demeure un fort sentiment de complaisance : nous allons poursuivre les mêmes politiques que nous avons menées jusqu’ici. 

Une union monétaire sans union budgétaire est-elle vouée à l’échec ?

« Cela semble être une idée très répandue en ce moment. Le point de vue selon lequel la zone euro devrait aller vers l'union budgétaire (ce qui implique par ailleurs une certaine forme d'union politique) vient de deux directions : 

lundi 21 janvier 2013

Comment nous en sommes arrivés là... Une brève histoire de la macroéconomie

« En réponse à la Grande Dépression des années 1930, John Maynard Keynes a développé l'idée révolutionnaire selon laquelle, des actions individuellement bénéfiques pourraient générer des résultats indésirables si tout le monde les réalise en même temps. Irving Fisher a quant à lui expliqué comment les niveaux élevés d'endettement rendent les économies vulnérables aux spirales de déflation et de défaut. Simon Kuznets n’a pas développé de nouvelles théories, mais il a joué un rôle clé dans la création des comptes nationaux. Avant lui, les décideurs, les investisseurs et les citoyens avaient peu de moyens pour savoir si l'économie était en contraction ou en expansion. Roosevelt avait dû s'appuyer sur des indicateurs tels que le prix de la fonte ou le volume de trafic des wagons de marchandises et non sur le produit intérieur brut. 

vendredi 4 janvier 2013

Les grandes questions en macroéconomie : le multiplicateur budgétaire

« Le plus gros problème théorique en macroéconomie est "ce qui provoque le chômage". Comme j’en ai discuté dans mon précédent billet, la réponse néoclassique (selon laquelle le chômage est causé par des problèmes sur le marché du travail) ne peut expliquer l’apparition simultanée d'un chômage élevé dans de nombreux pays. En effet, le chômage est un problème macroéconomique.

jeudi 3 janvier 2013

Les erreurs de prévision de croissance et les multiplicateurs budgétaires

« Avec plusieurs économistes en mode consolidation budgétaire, il y a eu un intense débat sur la taille des multiplicateurs budgétaires. Parallèlement, l'activité s’est révélée décevante dans plusieurs pays ayant pris des mesures d’austérité. Il est alors naturel de se demander si les prévisionnistes n’auraient pas sous-estimé les multiplicateurs budgétaires, c'est-à-dire les effets que la réduction des dépenses publiques ou les hausses d'impôts peuvent avoir à court terme sur l'activité économique. 

Les grands problèmes en macroéconomie : le chômage

« Pour poursuivre le propos de mon billet précédent, j’aimerais me pencher sur les principaux points de désaccord en macroéconomie. (…) Je vais développer l’idée que les économistes (orthodoxes) sont si divisés sur ces questions que toute idée de consensus (…) est une absurdité. Le fait que, malgré ces profonds désaccords, de nombreux spécialistes en macroéconomie ne voient aucun problème est, lui-même, une partie du problème.

mardi 1 janvier 2013

Y a-t-il un consensus en macroéconomie ?

« Quand les bloggeurs d’économie ne débâtent pas sur les cyborgs, ils passent une bonne partie de leur temps à parler de l'état de la macroéconomie (orthodoxe) (1), notamment de l'analyse de l'emploi et du chômage au niveau agrégé, de l'inflation et de la croissance économique. Noah Smith a déjà fait un résumé de ce qui a été dit, que je ne vais pas récapituler. Au lieu de cela, je vais vous donner mon point de vue sur certaines questions qui ont été soulevées (…) Y a-t-il un consensus ? (2) S’il n’y en a pas, quels sont les principaux points de désaccord ? Qu’est-ce que la macroéconomie a réalisé au cours des quarante dernières années ? Où devons-nous ensuite aller ? Je parlerai aujourd’hui de la première question, puis reviendrais plus tard sur les autres.