mardi 17 juin 2025

Bac 2025 : mon corrigé du sujet de SES (jour 1)

Voici ci-dessous le corrigé que je propose du sujet tombé aujourd'hui en France métropolitaine. Un corrigé ultra-détaillé, sauf pour la dissertation : j'avoue ne pas être très emballé par celle-ci...

Que dire de ces sujets ? Ils sont assez traditionnels, surtout les questions de l’épreuve composée. La dissertation est plus compliquée que l’épreuve composée (d'où mon emballement limitée pour la première).

Pour rappel : un élève doit choisir entre la dissertation et l'épreuve composée.

 

Dissertation

« Dans quelle mesure les politiques monétaire et budgétaires parviennent-elles à agir sur la conjoncture des pays membres de la zone euro ? »

Gouvernements et banques centrales cherchent à influencer la demande globale pour agir sur la conjoncture, c’est-à-dire agir sur l’inflation, le chômage et la croissance à court terme. En l’occurrence, ils devraient chercher à stimuler la demande si l’économie est en récession ou connaît une inflation trop faible ; inversement ils devraient chercher à freiner la demande si l’économie connaît une inflation excessive. Mais la mise en œuvre des politiques conjoncturelles est particulièrement contrainte dans la zone euro. 20 pays appartiennent à la zone euro. Celle-ci a donc une politique monétaire (gérée par la BCE) et 20 politiques budgétaires nationales. 

Nous nous demanderons dans quelle mesure les politiques monétaire et budgétaires parviennent-elles à agir sur la conjoncture des pays-membres de la zone euro.

Dans un premier temps, nous verrons que la BCE ne peut gérer que les chocs touchant l’ensemble de la zone euro. Dans un second temps, nous verrons que c’est aux gouvernements de gérer les chocs touchant leurs seules économies, mais que pour ce faire ils sont contraints par les règles budgétaires de la zone euro.


I. La politique monétaire ne peut gérer que les chocs symétriques

La mission de la BCE est de maintenir l’inflation à 2 %, c’est-à-dire veiller à ce que les prix augmentent en moyenne de 2 % par an. En 2023, l’inflation annuelle en zone euro était de 2,9 % (doc 2), soit supérieure de 0,9 point de pourcentage à la cible de la BCE. L’inflation était donc excessive. 

Dans ce cas, la banque centrale doit adopter une politique monétaire restrictive : elle va augmenter son taux directeur ; il s’agit du taux d’intérêt auquel les banques (commerciales) peuvent obtenir de la monnaie centrale auprès de la banque centrale (c’est cette monnaie qui leur permet de se régler entre elles). C’est effectivement ce qu’elle faisait depuis 2022 : entre 2022 et 2023, la BCE a relevé son taux directeur de 4,5 points de pourcentage (doc 4). 

Si le taux directeur augmente, cela signifie que les banques obtiennent de la monnaie centrale à un coût plus élevé. Alors, elles seront moins enclines à prêter aux ménages et entreprises et elles augmenteront leurs propres taux. Cela va réduire la demande globale de deux façons. D’une part, il est plus coûteux et moins facile pour les entreprises et les ménages d’emprunter. Les entreprises et les ménages vont moins pouvoir emprunter. D’autre part, comme les taux d’intérêt augmentent, l’épargne sur les comptes bancaires rapporte plus d’intérêts, il est plus rentable d’épargner, donc les agents, en particulier les ménages, épargneront plus, donc dépenseront moins. Dans les deux cas, consommation et investissement s’en trouveront freinés. Les entreprises vendront alors moins, donc auront moins tendance à augmenter leurs prix : l’inflation reflue.

Inversement, si l’inflation est trop faible, la BCE cherchera à stimuler la demande. Elle adoptera alors une politique monétaire expansionniste : elle baissera son taux directeur.

Le problème est que la politique monétaire de la BCE ne peut gérer que les chocs symétriques, c’est-à-dire les problèmes touchant l’ensemble des pays-membres. En revanche, elle ne peut pas gérer les chocs asymétriques, c’est-à-dire les problèmes ne touchant que des pays-membres en particulier. Le taux directeur de la BCE est le même pour l’ensemble des pays-membres : la BCE ne peut donc pas proposer un taux d’intérêt qui soit spécifique à chaque pays. Si la BCE parvient à ramener le taux d’inflation de la zone euro à 2 %, cela ne conviendra pas à tous les pays-membres : certains pays auront une inflation plus élevée ; d’autres auront une inflation plus faible.

Par exemple, en 2023, l’Italie a eu en moyenne une inflation 1,4 point de pourcentage plus basse que celle de la zone euro, ce qui suggère que la demande y est déjà faible. Si la BCE resserre sa politique monétaire, c’est-à-dire si elle relève ses taux, alors cela déprimera davantage la demande : l’Italie risque de connaître une déflation, une récession et une hausse du taux de chômage. A l’inverse, la Croatie connaissait un taux d’inflation presque deux fois plus élevé que celui de la zone euro. Si l’inflation de la zone euro revient à 2 %, l’inflation risque de rester toujours excessive en Croatie. 


II. C’est à la politique budgétaire de gérer les chocs asymétriques, mais elle est contrainte par des règles budgétaires

Si un pays de la zone euro subit un choc asymétrique, c’est-à-dire si sa situation est différente de celle des autres pays-membres, son gouvernement est censé intervenir en utilisant sa politique budgétaire, c’est-à-dire en jouant sur les dépenses publiques et/ou les recettes publiques. 

En l’occurrence, si un pays souffre d’un chômage élevé, d’une récession, d’une inflation très faible, voire d’une déflation, alors le gouvernement va chercher à stimuler la demande, auquel cas il doit adopter une politique budgétaire expansionniste, c’est-à-dire un plan de relance. En l’occurrence, il peut réduire les prélèvements obligatoires (les impôts…) et augmenter l’investissement public, les revenus de transfert (par exemple les allocations-chômage ou bien les aides sociales comme le RSA), la rémunération des fonctionnaires, etc. 

Les entreprises vont alors vendre plus, ce qui va les inciter à produire plus, donc à embaucher : le taux de chômage va diminuer. Et il y aura un cercle vertueux (l’« effet multiplicateur ») : comme des chômeurs retrouvent un emploi, leur revenu augmente ; les autres, voyant le chômage refluer, vont moins épargner. Cela va inciter les ménages à consommer encore plus. 

Mais cela va, dans l’immédiat, creuser le déficit public et donc augmenter la dette publique, puisque l’Etat va emprunter pour financer son plan de relance.

Or, les pays-membres de la zone euro doivent respecter des règles budgétaires : le déficit public doit être inférieur à 3 % du PIB et la dette publique inférieure à 60 % du PIB. Ces règles visent précisément à éviter que les Etats-membres ne s’endettent excessivement et, ainsi, qu’ils soient tentés de renflouer un Etat-membre qui se retrouverait au bord de la faillite, comme ce fut le cas de la Grèce au tournant des années 2010. 

Mais ces règles budgétaires contraignent l’adoption d’un plan de relance. Afin de respecter ces règles, les gouvernements sont incités à réduire leur emprunt. Les gouvernements risquent alors de faire peu de relance, donc de peu stimuler leur économie. Pire : si un pays a un déficit excessif ou une dette excessive, il est poussé à améliorer ses finances publiques, donc à adopter une politique budgétaire restrictive, un plan d’austérité. Le risque est que l’économie bascule en récession ou, si elle en connaît déjà une, la récession risque de s’aggraver.


Ainsi, la gestion des chocs touchant les économies est particulièrement contrainte au sein de la zone euro. Puisqu'elle est uniforme pour l'ensemble des pays-membres, la politique monétaire ne peut gérer que les chocs symétriques ; ce sont les politiques budgétaires qui ont la charge de gérer les chocs asymétriques. Mais ces dernières sont contraintes par les règles budgétaires : ces règles sont peut-être nécessaires pour éviter que les pays-membres ne soient incités à se surendetter, mais elles risquent d'empêcher les Etats-membres de suffisamment relancer l'activité lors des récessions. 

 

Epreuve composée

Première partie : Mobilisation des connaissances

Vous montrerez, à l’aide d’un exemple, que les incitations sélectives peuvent expliquer l’engagement politique. (4 points)

[Note : La question n’évoque pas explicitement le paradoxe de l’action collective… mais il est difficile de parler de l’importance des incitations sélectives sans évoquer le paradoxe.]

L’engagement (ou participation) politique désigne la participation à la vie politique en vue de peser sur ses orientations et/ou interpeller les autorités politiques. Cet engagement passe par la participation à des actions collectives (le vote, la manifestation, une pétition, une grève, etc.). 

Selon Mancur Olson, il peut être « économiquement » rationnel pour un individu de ne pas participer à une action collective, même s’il désire que celle-ci soit lancée et réussisse. La participation à une action collective est coûteuse : en temps, en énergie, en termes d’« image » aux yeux de l’employeur (donc pour les perspectives de carrière futures)…. Par conséquent, il peut apparaître rationnel pour un individu de ne pas participer à une action collective dès lors que les gains de celles-ci (si celle-ci réussit) seront partagés avec ceux qui n’y ont pas participé. Dans ce cas, le gain de la non-participation sera supérieur au gain de la participation : celui qui ne participe pas gagne le gain de l’action collective sans en supporter le coût. Par exemple, si une grève revendiquant une hausse des salaires réussit, même les non-grévistes verront leurs salaires augmenter. Autrement dit, les individus risquent de se comporter en passagers clandestins (free riders), c’est-à-dire ne participent pas à l’action collective alors même qu’ils désirent qu’elle réussisse.

Pourtant (comme le note Olson lui-même) dans la réalité, les individus participent bien à des mobilisations collectives. Il y a un paradoxe : le « paradoxe de l’action collective ». Et c’est ce paradoxe que les sociologues ont ensuite cherché à expliquer : pourquoi les individus participent à des actions collectives alors qu’ils n’ont pas individuellement intérêt à le faire ?

Comme le notait Olson, les organisations à l’origine d’actions collectives (par exemple les syndicats) cherchent à inciter les individus à se mobiliser. En l’occurrence, elles peuvent mettre en place des incitations sélectives pour récompenser les individus selon leur engagement personnel : offrir aux participants une promotion au sein de l’organisation (par exemple, les partis vont recruter certains militants à des postes d’élus), faire en sorte que les gains de l’action collective soient réservés aux seuls participants (par exemple, n’accorder la hausse de salaires qu’aux seuls grévistes ; dans certains pays, il y a le système de « closed shop » qui impose aux employeurs de n’embaucher que des syndiqués) , menacer les non-participants (éventuellement physiquement, les harceler, les insulter…), etc. En recourant à des incitations sélectives, les organisations visent à accroître la participation en augmentant le coût de la non-participation à la mobilisation collective et/ou en augmentant les bénéfices de la participation à celle-ci.


Deuxième partie : Étude d’un document

[Note : le document n’est pas le genre de documents que nous avons habituellement… Habituellement, nous avons une décomposition des contributions de la croissance, c’est-à-dire des documents qui indiquent quelle part de la croissance s’explique par la PGF. Ce n’est pas le cas ici. Il est fort probable que beaucoup d’élèves se trompent et y voient des contributions à la croissance… auquel cas ils risquent d’essayer de déterminer si la croissance est extensive ou intensive, alors que le document ne permet pas de le déterminer…]


1. A l’aide des données du document, vous comparerez l’évolution du PIB en France et en Allemagne, en 2020 et en 2022. (2 points)

En 2020, le PIB français avait chuté de 7,44 % (par rapport à son niveau de 2019) et le PIB allemand de 3,83 %. Autrement dit, en pourcentage, le PIB français a baissé 2 fois plus amplement que le PIB allemand. Ou encore, la chute du PIB français a été 3,6 points de pourcentage plus importante que celle du PIB allemand. Donc la récession pendant la pandémie a été plus sévère en France qu’en Allemagne.

En 2022, le PIB français avait augmenté de 2,57 % et le PIB allemand de 1,81 %. Autrement dit, la hausse du PIB français a été 0,76 point de pourcentage plus élevée que celle du PIB allemand. Ou encore, en pourcentage, la hausse du PIB français a été 1,4 fois plus importante que celle du PIB allemand.


2. A l’aide du document et de vos connaissances, vous montrerez que l’accroissement de la productivité globale des facteurs est source de croissance économique. (4 points)

La croissance économique désigne la hausse du PIB. Concrètement, si le PIB (réel) augmente, cela signifie que l’économie produit plus de biens et services, mais aussi qu’elle génère plus de revenus. 

Ainsi, par définition, s’il y a croissance, c’est que l’économie a produit plus. Pour produire, un producteur utilise des facteurs de production : le travail (de la main-d’œuvre…) et du capital (des machines, des outils…). Donc, pour produire plus, l’économie a utilisé plus de facteurs de production (c’est ce qu’on appelle l’accumulation des facteurs) et/ou les facteurs ont été plus efficaces ou ils ont été utilisés plus efficacement (c’est ce qu’on appelle le progrès technique).

Autrement dit, avec le progrès technique, l’économie est capable de produire plus avec une quantité donnée de facteurs. Dans un sens strict, le progrès technique désigne les innovations qui augmentent l’efficacité des facteurs. C’est notamment le cas des innovations de procédé : en trouvant une façon plus efficace de produire, une entreprise est capable de produire plus et/ou de réduire ses coûts de production. Au niveau de l'économie, les gains de productivité contribuent ainsi directement à stimuler la croissance économique. 

Mais ils peuvent aussi le faire plus indirectement. Quand la productivité augmente, une entreprise va baisser ses prix, augmenter ses salaires et/ou augmenter son profit. Au niveau de l'économie, les gains de productivité stimulent donc la consommation et l'investissement et ce supplément de demande incite les entreprises à produire plus ; quant à la hausse de l'investissement, elle permet aux entreprises d'accroître leurs capacités de production et/ou d'innover. Il y a cercle vertueux.

Le progrès technique se mesure avec un indicateur appelé productivité globale des facteurs (PGF).

PGF : quantité produire / quantité de facteurs utilisés

D’après les données de l’OCDE, il y a effectivement une corrélation positive entre croissance du PIB et croissance de la PGF. Le PIB tend à augmenter quand la PGF augmente, et inversement. Par exemple, en Allemagne en 2010, le PIB a augmenté de 4,18 % et la PGF de 2,42 % : concrètement, avec la même quantité de facteurs de production, l’économie allemande était capable de produire 2,42 % en plus que l’année précédente. En 2012, la croissance du PIB a été 10 fois moindre et la croissance de la PGF également. On peut ainsi penser qu’il y a une causalité positive : une hausse de la PGF contribue à faire augmenter le PIB.


Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)

Vous montrerez que la structure socioprofessionnelle en France s’est transformée depuis la seconde moitié du vingtième siècle.

La structure socioprofessionnelle désigne la composition des emplois, tout comme celle des travailleurs qui les occupent. Au cours du temps, la structure socioprofessionnelle se transforme : les caractéristiques des emplois (en termes de qualifications, de statut, de secteur d’activité…), tout comme celles des travailleurs qui les occupent (leurs niveau de diplôme, leur sexe…) changent.

Nous allons montrer que la structure socioprofessionnelle en France s'est transformée depuis le milieu du vingtième siècle.


Depuis le milieu du vingtième siècle, la structure socioprofessionnelle a notamment été marquée par la poursuite de la salarisation : une part croissante des travailleurs en emploi sont salariés et, réciproquement, la part des travailleurs indépendants parmi les travailleurs en emploi a diminué. Par exemple, d’après les données de l’INSEE (doc 1), 9 % des personnes en emploi étaient agriculteurs, artisans, commerçants ou chefs d’entreprises, contre 16 % en 1982. Autrement dit, la part des agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d’entreprises parmi les personnes en emplois a baissé de 7 points de pourcentage, elle a quasiment été divisée par deux entre 1982 et 2022.

La salarisation tient notamment au déclin des emplois indépendants : la mécanisation a détruit des emplois agricoles ; la concurrence des grandes surfaces a évincé une partie des petits commerces ; la concurrence de l’industrie (capable de produire à bas prix à grande échelle) a évincé les artisans, etc. En outre, le statut de salarié est perçu comme plus attrayant, car plus stable et protégé : le salaire est un revenu fixe (contrairement au profit que gagne un indépendant), un salarié a davantage de droits sociaux (il est mieux pris en charge par la sécurité sociale), les horaires de travail sont plus attrayants (un indépendant est souvent contraint de travailler le week-end)… 

Il y a eu aussi tertiarisation : une part croissante des emplois sont des emplois du tertiaire, c’est-à-dire de services. Inversement, la part des emplois dans l’agriculture et l’industrie a baissé ; le dernier demi-siècle a été aussi marqué par une désindustrialisation. On le voit notamment avec la baisse de la part d’agriculteurs (divisée par 4 entre 1982 et 2022) et la baisse de la part d’ouvriers (qui a baissé de 11 points de pourcentage entre 1982 et 2022). 

Beaucoup d’activités industrielles ont été délocalisées à l’étranger ou bien elles ont été externalisées (or la sous-traitance est comptabilisée comme un service). D’autre part, beaucoup de tâches ont été automatisées dans l’industrie : les machines ont remplacé massivement les ouvriers. De plus, à mesure que le revenu augmente, les ménages consacrent une part croissante de leur budget à l’achat de services (c’est la « loi d’Engel »), si bien qu’à mesure qu’un pays se développe, que le revenu de la population augmente, la demande porte de plus en plus sur les services, ce qui crée des emplois dans ce secteur. Le fait que l’industrie connaisse d’importants gains de productivité (avec la robotisation) a également contribué à ce que les emplois se « déversent » dans le tertiaire en permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages : comme les ménages ont pu acheter des biens industriels moins chers, ils en ont profité pour acheter davantage de services. Ainsi, la tertiarisation a eu pour corolaire la désindustrialisation.

Il y a eu également hausse du niveau de qualification : une part croissante des emplois sont des emplois qualifiés, le niveau de qualifications exigé par les emplois a eu tendance à augmenter. Les données du Céreq (doc 2) permettent de mettre en évidence une hausse du niveau de qualification. 25 % des actifs occupés en 2019 avaient un diplôme de niveau bac + 3 ou plus, contre 9 % en 1994. Autrement dit, entre 1994 et 2019, la part d’actifs occupés ayant au moins un diplôme de niveau bac + 3 a augmenté de 16 points de pourcentage ; elle a été multipliée par 2,8. Inversement, 15 % des actifs occupés avaient le brevet des collèges ou aucun diplôme en 2019, contre 38 % en 1994. Autrement dit, la part d’actifs occupés ayant au maximum le brevet comme diplôme a baissé de 23 points de pourcentage ; elle a été divisée par 2,5. Les données de l’INSEE (doc 1) mettent également en avant un essor des emplois qualifiés : la part des cadres et des professions intermédiaires parmi les personnes en emploi a augmenté de 20 points de pourcentage entre 1982 et 2022.

D’une part, l’emploi exige de plus en plus qualifications, en raison notamment du progrès technique (biaisé) : le capital (les machines !) est complémentaire avec les travailleurs qualifiés (il les rend plus efficaces), mais il est substituable avec les travailleurs non qualifiés (ce sont avant tout ces derniers qui risquent de perdre leur emploi avec l’automatisation). Parallèlement, le niveau de qualification des travailleurs a augmenté avec la massification scolaire : au fil des générations les individus allongent leur scolarité et leur niveau de diplôme augmente ; la part des non-diplômés s’est écroulée et la part des diplômés du supérieur a fortement augmenté au fil des générations. Cela tient aux politiques de démocratisation scolaire menées par les gouvernements successifs. 

Enfin, comme le montre Margaret Maruani (doc 4), il y a eu féminisation de l’emploi : une part croissante des femmes sont actives et occupent un emploi. 

La féminisation de l’emploi s’explique par un changement des mentalités (notamment des stéréotypes de genre), qui font qu’il est socialement de plus en plus accepté qu’une femme puisse travailler (même si elle a des enfants en bas âge) et qu’elle soit indépendante, et un changement de la législation, qui ont facilité l’accès des femmes à l’emploi (les femmes ont obtenu le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari en 1965). En fait, la féminisation de l’emploi ne s’explique pas seulement par le fait que les femmes occupent de plus en plus un emploi. Par le passé, elles pouvaient aider leur conjoint à son travail (pour tenir un commerce par exemple), mais leur travail ne pas être reconnu comme tel, et donc ne pas être rémunéré : ce genre de tâches a de plus en plus été reconnu et a pu être ainsi rémunéré. La répartition des tâches domestiques est devenue moins inégalitaire et le taux de fertilité a diminué, ce qui a donné plus de disponibilités (temporelles) aux femmes pour travailler. L’offre de  garde d’enfants s’est développée, ce qui a à la fois permis aux femmes de continuer de travailler malgré la naissance de leurs enfants, mais aussi leur a offert des emplois. En effet, les femmes sont très concentrées dans les métiers du « care » (infirmières, assistantes maternelle, etc.), des activités qui relèvent du tertiaire. Ainsi, la féminisation de l’emploi a contribué à la tertiarisation de l’emploi, et inversement.

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